Avant d'utiliser des tabernak à tout va et de passer pour un gros colon auprès de tes chums, mieux vaut apprendre quelques règles rudimentaires en matière d'insultes au Québec. Au moins, tu passeras pas pour un twit.
La religion est aux insultes québécoises, ce que les matières fécales sont aux injures françaises. Il faut dire que dans la langue de Molière, on ne compte plus les dérivés allant du coquet je te conchie au va chier, beaucoup plus brut de coffre. Les Québecois, préfèrent quant à eux emprunter le vocabulaire religieux pour sacrer, autrement dit jurer. Ainsi, bon nombre d'entre elles sont issues de quatre mots de la religion chrétienne, devenant la base du lexique injurieux québecois.
Avec tabernak (tabernacle), crisse (Christ), estie/hostie (ostie) et câlisse (calice), vous êtes parés pour aller à la messe ou vous énervez dans la vie de tous les jours au Québec. Ceux-ci sont déclinables en verbes, adverbes ou encore sous forme de nom. Autre règle des insultes québécoise : ajouter maudit devant et elle sera décuplée. Et ne vous fiez pas au côté mignon de certaines expressions, elles n'en sont pas moins insultantes au pays des caribous.
20 - Newfie
Si les Français font des blagues sur les Belges, les Québécois se tournent vers les newfies (Newfounderlander), les habitants de la province de Terre-Neuve.
19 - Mange un char de marde
Comme toujours, une fois qu'on a visualisé la chose, l'insulte devient bien plus violente. A noter qu'un char est une voiture et non un équipement militaire. Dans le même registre, on trouve aussi gros tas de marde.
18 - Tu fais dur !
N'y allons pas par quatre chemins : t'es moche ! Alors, l'injure peut devenir moins insultante selon la personne. Par exemple, si son chum (son pote ou son petit-ami) dit : « Tu fais dur avec tes cheveux ! ». Cela s'apparenterait plus à : « C'est pas terrible tes cheveux ».
17 – Téteux
Un téteux est un lèche-cul ou quelqu'un de faussement mielleux pour arriver à ses fins.
16 – Moron
Venant tout droit des États-Unis, ce mot signifie tout simplement connard. Le genre d'insulte que l'on jette au char qui vient de nous dépasser comme un maudit niaiseux (gros con).
15 – Grosse plotte sale
Encore une fois, on vous donne la signification de plotte (vagin) et on vous laisse faire le reste tout seul. Quoiqu'on pourrait vraiment rapprocher cette insulte du gros con français, pour garder des racines étymologiques proches; le con étant le petit nom autrefois donné au sexe féminin.
14 – Je m'en câlisse
Je m'en moque comme de l'an 40. Je m'en tamponne le coquillard. J'en ai rien à foutre. Je m'en fous. Une liste non exhaustive d'équivalents français qui pourrait être continuée sans fin.
13 – Tasse-toé crisse d'épais
Dégage, putain de connard. Peut aussi être remplacé par : Décrisse d'icitte, maudit bâtard.
12 – Gros colon
Pas de rapport avec les intestins, un gros colon est notre gros beauf national, traduit aussi par blaireau. Cela dit, même sans traduction, certaines expressions ne présagent rien de fameux.
11 – Frais chié
Un frais chié est également un péteu, c'est-à-dire un snob qui pourrait en plus être doublé d'un Petit Jo Connaissant (M. Je-sais-tout).
10 - Épais
En français, on a plutôt tendance à dire d'une personne qu'elle n'est pas fine. Mais, au fond, cela revient à peu près à la même chose. Si ce n’est que les Québécois ont une version bien à eux dans laquelle, se faire traiter de plus épais dans le plus mince reviendrait à dire que la personne visée n'a pas inventé l'eau chaude ou le fil à couper le beurre.
9 – Crisse de tarlais
Tarlais signifiant stupide (comme twit), lui ajouter le sacre crisse se traduirait pas un putain de con, con étant relativement un mot fourre-tout en français. On peut aussi dire crisse de gros cave par exemple.
8 – Va te crosser
Crosser signifiant s'astiquer le manche, la traduction la plus proche reste « Va te faire foutre ».
7 – Câlice de chien sale
Beaucoup de mots pour dire connard ou salaud.
6 – Suce ma graine
Ah comme c'est mignon quand on se dit que la version française est plus imagée et beaucoup moins poétique. Toutefois, le résultat escompté restera le même. Il y a de grandes chances qu'on vous répond alors : m'a te dérancher la face ou la yeule !
5 – Tabarnak
Contrairement à ce que les Français en font, tabarnak (à ne pas prononcer tabernacle) reste très vulgaire, bien que courant. Il s'apparente à putain, bordel de merde et autres jolies expressions similaires. Combiner avec les autres sacro-saintes injures, ça donne un cocktail étonnant dont l'ordre et la composition restent au choix de chacun, selon l'instant. Il est donc possible d'entendre des crisse de câlice d'ostie de tabarnak, équivalant à un putain de bordel de merde.
Pour rendre l'expression moins vulgaire, les Québécois utilisent des synonymes moins connotés tels que tabernouche, tabarouette, tabaslak, tabarnik...
4 – Heille mon ciboire, tu pues en ostie toé !
Oh la vache, tu schlingues ! A noter que ciboire rentre dans les sacres courants, comme câlice ou crisse, et peut se combiner à plein d'autres sacres pour plus d'impact.
3 – Tarbanak de crosseur à marde
2 – T'es rien qu'une trace de break
Dire cette phrase revient à comparer son interlocuteur à une trace de pneu au fond d'un slip ou à le traiter de trou de balle.
1 – C'est-y l'chien qui a fourré ta mère ?
T'as vraiment été fini à la pisse ! Quel que soit le dialecte, la violence verbale reste la même.
Et histoire de parfaire sa prononciation, voici une petite leçon de français québécois donné à des Belges.
* Photo de Dean Biggins/Wikimedia